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Quel President pour 2012?

12 mars 2012

Initiatives citoyennes

Initiative citoyenne pour le parrainage...

Dans un précédent billet, j'évoquais la possibilité de remplacer le parrainage des maires par un parrainage citoyen.

Quelle n'est pas ma surprise aujourd'hui de voir que Nicolas Sarkozy a eu la meme idée, nous dit le Figaro:

Nicolas Sarkozy a confirmé qu'il instaurerait un système de parrainage par les citoyens lors de la prochaine présidentielle s'il était réélu en mai prochain. Il avait évoqué récemment un chiffre d'environ 3% du corps électoral.

Une telle mesure serait bénéfique, car elle permettrait aux candidats légitimes (car plébiscités par le peuple) mais dérangeants de pouvoir obtenir une visibilité. En sponsorisant Marine Le Pen, meme s'il fait ainsi un geste citoyen, un maire s'engage en tant qu'élu. Ses administrés seront peut-etre nombreux à lui reprocher ce choix. Moins polémique, un maire socialiste choisissant de sponsoriser Chevenement ou Taubira en 2002 risque des réprimandes de son parti, tout comme un maire UMP qui choisirait de parrainer Villepin ou Dupont-Aignan cette année.

flagCrédit Photo: La dépèche

Promettre aux petits candidats, de droite, de gauche, du centre ou des extrèmes, qu'il pèseront dans les campagnes futures, une fois cette barrière otée, c'est s'assurer les votes de ces militants pour le second tour. Si l'on est d'extrème gauche, le choix actuel pour un eventuel second tour Hollande-Sarkozy est entre un candidat auquel on ne croit pas (Hollande) et un candidat auquel on n'a jamais cru (Sarkozy). Bref, comme disait Laguiller: voter blanc, ou alors avec une pince à linge sur le nez. La perspective de 5 ans inutiles, sans perspective d'amélioration... Sauf dans le cas Sarkozy, qui faciliterait la participation (et l'election) de petits candidats...

Initiative citoyenne pour la fuite fiscale...

Autre débat aujourd'hui lié à Sarkozy: faut-il taxer les expatriés, et comment? C'est en effet l'autre cheval de bataille du jour de Nicolas Sarkozy: faire comme les Américains, et taxer tous les Francais, meme ceux qui vivent à l'étranger.

La phrase est démagogique, bien sur: Oui le pays est en crise, oui il faut payer plus d'impots, mais non, je ne demanderais pas au peuple de payer ces impots, seulement à ces mauvais patriotes. 

sarko

Crédit Photo: Reuters

Alors, pour bien comprendre la situation: tous les impots liés à une activité en France (possessions, bourse, salaires, investissements, interets bancaires, copyrights, etc) sont déjà taxables en France. Les personnes vivant en France et travaillant à l'etranger (Belgique, Luxembourg, Espagne, etc) ou ayant des placements à l'etranger (compte en Suisse, boursicottage à New York, etc) doivent eux aussi payer leurs impots en France. Alors qu'est-ce qu'il reste? Les Francais vivant à l'etranger, et ayant des revenus... à l'étranger.

Question: le FISC va-t'il me demander de payers des impots en France sur mon salaire américain, largement moins imposé qu'en France? En théorie, oui. On notera que le message du président-candidat est vague sur ce qu'il compte taxer. C'est intentionnel. De nombreux sportifs francais partent à l'etranger car ils sont moins taxés? Eh bien l'on va les taxer!  Pas si vite.

Tout Américain doit déclarer ses revenus à l'etranger, et payer des taxes dessus. Une différence importante vient du quadruple niveau d'imposition aux USA, prélevé en une seule fois: Je vis et travaille à Houston, donc sur ma fiche de paie, sont prélevés des impots municipaux (ville de Houston), du comté ("département"), de l'etat (Texas) et enfin des Etats-unis. Seule la part "USA" de ces prélèvements est donc maintenue pour un américain vivant à l'étranger. En France, et dans la majeure partie du monde, les impots sur le revenus ne vont qu'à l'état. La Région, le département et la commune prélèvent différentes taxes. Faire imposer son salaire serait donc bien plus important. Donc lorsqu'un américain déclare un salaire Francais de 30.000 EUR, les impots qu'il paye en France sur ce salaire sont bien supérieurs à ceux qu'il paierait aux USA avec un salaire de 40.000 USD. Au final, il ne paie donc rien.

De plus, pour eviter la double taxation, les Américains déduisent de leur revenu une somme élevée, définie chaque année, autour de 90,000 ou 100,000 USD. Donc les américains de l'etranger qui touchent moins que cette somme (91,500$ pour 2010) ne paient pas d'impots. 

Ce genre de système protège les citoyens honnètes: quelqu'un qui touche 200,000$ par an par exemple (soit 1 million de francs par an, 150,000EUR) est imposable à hauteur de 24,500$ environ. En France, il est imposé de plus de 30,000EUR sur le meme revenu: il ne paiera donc aucun impot. En revanche, le tennisman gagnant 10 millions de dollars par ans en contrats publicitaires et s'expatriant en Suisse paye environ 1.5 millions de dollars d'impots en Suisse. Il devrait en payer 2.8 aux USA: il doit donc payer la différence (1.3 millions) à l'Oncle Sam.

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7 mars 2012

Le Halal: une couverture différente aux USA...

La différence n'existe pas ?

Aujourd'hui, les résultats du Super Tuesday occupent tout l'espace de cerveau disponible chez les Americains. Peu ou pas de politique Francaise donc, ou alors peu interressante.

Je suis tombé cependant sur cet article du Washington Post. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les medias américains, le WaPo est l'un des seuls journaux "neutres". Selon les années, il oscille entre le centre-gauche et le centre-droit, mais reste clairement centriste, tendance n'existant pas aux USA et forcant le journaliste rédacteur à une neutralité éditiorialiste fort rafraichissante.

Comme je l'ai dit dans un précédent billet, l'immigration, la religion ou la couleur de la peau sont des sujets beaucoup moins tabous ici qu'en France. Si l'histoire américaine n'est pas jolie jolie sur la relation à l'autre (esclavage, KKK, camps d'internements d'americains aux ancetres japonais, segregation...), il n'y a pas eu d'episodes de violences civiles comparables à ce que la France a connu: les guerres de religion, la Terreur, le genocide juif pendant l'occupation.... Le peuple, inconsciemment, veut "gommer" ces différences. Feindre leur existence, pour oublier qu'elles existent. Qui sait quel taré pourrait prendre le pouvoir demain, légalement ou par la force, et décider subitement que tous les riches, tous les pauvres, tous les noirs, tous les musulmans ou tous les coiffeurs sont des sous-etres, qui doivent etre exterminés? Si je ne sais pas que mon voisin est un musulman dans le besoin, si mon cerveau refuse de traiter cette information, je n'ai aucune inquiétude lorsqu'il disparait du jour au lendemain. Et dans le meme temps, lui refuse certainement de reconnaitre que je suis un coiffeur noir, et donc je ne serais pas dénoncé...

Cette négation de la différence est promue par les gouverments eux-memes: pour assoir l'autorité du Roi face aux Ducs ou Comtes locaux, et centraliser le pouvoir à Paris, puis sur le principe de l'égalité, les langues, mesures, coutumes et religions locales ont été bannies par la révolution. Au nom de la "paix sociale", de la lutte contre le racisme et de l'"intégration" désormais, on apprend dès la primaire qu'il n'y a pas de différence entre un noir et un blanc (d'où les noms..), ou entre un athée et un protestant. Il y a des différences, les nier est absurde. En revanche, que ces différences n'aient aucun impact, que les droits et devoirs sont les memes pour tous, et que l'on doit respecter l'autre malgrès ses différences, ce n'est pas enseigné. Et ca ne peux pas l'etre, puisque la différence n'existe pas.

L'Amérique est décentralisée à l'extrème, et est peuplée de gens venus de tous horizons et fuyant la repression ou voulant profiter de nouvelles opportunités. La différence fait parti du jeu: elle existe, elle est revendiquée, et les américains sont tous égaux, quelles que soient leurs différences. La différence est banalisée, donc la crainte de l'autre réduite, le sujet abordable.

Une couverture impensable en France

Bref, le Washington Post commence fort avec cet article...

the concern over slaughtering practices reflects a widely shared irritation against the growing number of Muslims who defy France’s traditional majority by insisting on their own customs and dress codes.

Selon l'auteur, le débat actuel n'est pas tant sur le Halal ou par le passé le voile que sur l'irritation provoquée par un nombre croissant de musulmans qui défient les traditions Francaises en imposant leurs propres coutumes et codes vestimentaires.

Ne nous y trompons pas, si le débat se pose sur le Halal alors qu'il ne s'est jamais posé sur le kascher, c'est parcequ'il est imposé. Là où la communauté juive de France se fondait dans la masse, demandant timidement au cuisiner scolaire s'il pouvait avoir un steak plutot que la cotelette de porc -et l'obtenant-, et ne derangeant finalement personne (ok, je mange ma cotelette. Et mon pote mange un steak...), un consortium de musulmans, de gauche-bien-pensante et autres associations décide que, comme à Londres, nous devrions uniquement servir du Hallal, et définitivement bannir le jambon-beurre de nos boulangeries. L'argument peut se tenir: l'école citoyenne doit etre la meme pour tous, donc la cantine aussi, et comme certains doivent manger Hallal, alors tous doivent manger Hallal. Encore une fois, la négation de la différence, bonne intention initialement, crée la stigmatisation des musulmans, qui dans leur majorité, arrivaient très bien à faire comme les autres et demander un steak! L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Alors certes, le débat dérape, le Front National peut récupérer le débat... tout ce qui touche au FN est tabou pour les autres, qui se retirent et laissent à un seul parti la parole sur le sujet. Ce qui est dramatique, c'est que tous les problèmes de stigmatisation et de difficultées d'adaptation qui touchent actuellement les populations immigrées en France (et en Europe de l'Ouest d'une manière générale) sont liées à des idées, projets ou lois initiées pour favoriser leur integration! Les barres HLM facilitent le logement des populations pauvres (donc des immigrés), mais concentrent ces populations loin des Francais "de souche", inhibant toute mixité sociale; le regroupement familial facilite l'intégration du travailleur, mais celui-ci ne fonde plus de famille avec des locaux comme les portugais ou les italiens l'ont fait par le passé; les allocations familiales ou la CMU viennent en aide aux plus démunis, mais nourrissent le mythe de l'immigré parasite et profiteur; le hallal pour tous dans les écoles, ou les piscines mixtes demain, permettent aux musulmans de respecter les commandements de leur culte dans la vie de tous les jours, mais font se dresser contre eux les amoureux du jambon beurre et la mere célibataire qui veut emmener son fils à la piscine.

Il y a de nombreuses choses qui me déplaisent aux Etats-unis. Je suis Francais, petit-fils d'immigré Italien, j'ai une culture francaise et italienne, qui se heurte à certains aspects de la culture américaine. Ou bien je m'adapte, ou bien je quitte le pays. Les etats-unis ne changeront pas pour moi. Et pourtant, le fossé est bien moindre que pour faire de la France un pays respectant la charia...

6 mars 2012

J-10

Comment choisir les candidats?

Aujourd'hui, nous sommes à 10 jours de la date limite pour le dépot des candidatures à la présidentielle 2012. Pour etre officiellement candidat, il faut trois prerequis:

  • Etre Francais
  • Avoir au moins 18 ans
  • Disposer de 500 signatures d'élus (maires, députés, conseillers généraux...) d'au moins 30 départements

Ces trois dispositions s'expliquent par trois arguments:

Etre Francais

Etre Francais semble etre le minimum pour devenir Président de la France. Dès le XIVe siècle, l'utilisation de la loi Salique en France exclue tout étranger des tables d'heritage du trone de France: les prétentions d'Edouard III d'Angleterre (1328) ou des Bourbons d'Espagne (1883+) sur le trone de France sont ainsi vaines.

Aux Etats-Unis, il faut non seulement etre américain, mais etre né américain (par droit du sang, donc né à l'étranger de parents américains, ou droit du sol, donc né aux USA peu importe la nationalité des parents), et avoir résidé au moins 14 ans (consécutifs ou non, précédent ou non l'election) aux USA.

Deux restrictions supplémentaires, qui n'ont pour but que de renforcer le sentiment national. Une personne qui a toute sa vie été américaine, et y a vécu au moins 15 ans, se sentira plus profondément américain qu'Arnold Schwarzenegger par exemple. En France en revanche, un citoyen naturalisé possède les memes droits au titre présidentiel qu'un francais de naissance. C'est ainsi que Manuel Vals ou Eva Joly se sont présentés.

eva_joly

Eva Joly. Credit Photo: presidentielle-2007.net

La candidature d'Eva Joly a d'ailleurs provoqué quelques remous. Son accent et ses propositions sur le défilé du 14 juillet ont posé la question de sa connaissance de la culture francaise, et de son imprégnation. Je pense que c'est un non-débat. D'un coté, Eva Joly vit en France depuis ses 18 ans, et donc connait autant la société et la culture Francaise qu'un Malien "Francais de naissance-sol" ayant grandi en France dans une famille aux traditions étrangères, ou qu'un "Francais de naissance-sang", enfant d'expatrié, ayant vécu toute sa vie au Bresil ou aux USA. Je ne crois pas qu'un naturalisé soit un moins bon candidat qu'un francais de naissance, et la durée de résidence minimale en vigueur aux USA en revanche me semble une bonne chose.

Toutefois, j'ai deux problèmes avec la légitimité d'Eva Joly: Le premier vient de son intégrité: les Juges en France ne doivent pas etre politisés. Ils doivent etre objectifs et neutres. Comment des gens comme Eva Joly ou Eric Halphen peuvent-ils etre juges ET membres de partis politiques, surtout lorsqu'ils traitent des affaires délicates et politiques (affaire ELF, HLM de Paris...) ? Meme s'ils ne le sont pas en meme temps (les magistrats ont des "mises en disponibilité"), cela provoque un cas de conscience. Mais ce n'est pas le sujet, et nous aurons probablement l'occasion d'un parrallèle justice USA / justice France dans un autre billet.

Le second problème d'Eva Joly vient de son CV. En tant que magistrate, elle a travaillé pour le service du gouvernement Norvégien, du gouvernement Islandais et du gouvernement Malgache. Elle est la candidate des verts, mais aurait souhaité etre au Modem... Au bout d'un moment, que compte-elle faire? Juge, Ministre, Président, Heros masqué? Et pour quel pays? Réelle motivation ou soif de pouvoir? Cette attitude "mange à tous les rateliers" nuit gravement au débat sur la légitimité des naturalisés à l'Elysée. On est très loin du profil de Manuel Vals qui, depuis ses 17 ans, réside en France et est membre du PS...

Avoir de l'Experience

Cette Election 2012 est la première ouverte à tous les Francais majeurs. Auparavant, l'age minimal pour se présenter était de 23 ans. D'un point de vue strictement égalitaire, c'est logique: Si quelqu'un est en age de voter, de conduire, de boire de l'alcool et de tourner un porno, il peut devenir président.

La limite précédente de 23 ans (35 aux USA) s'explique par le besoin d'expérience. On est bien moins armé pour la vie à 18 ans qu'on ne l'est à 25 ou 35. Imaginez le ridicule qu'aurait un ado de 18 ans élu président lorsqu'il rencontrerait Poutine, Merkel ou Obama au G20. Aurait-il le charisme pour s'imposer et imposer son point de vue? Meme avec de bons conseillers, il n'aura pas eu l'experience d'etre maire, député ou ministre, et donc sera probablement dépassé sur de nombreux sujets, qu'il pourra soit (mal) gérer seul ou déléguer entièrement, rendant son election inutile... Un candidat de 18 ans n'a jamais voté de sa vie avant l'election présidentielle à laquelle il est candidat!

Cependant, si l'age limite a été baissé si facilement, c'est parceque le risque d'élire un junior, si talentueux soit-il, est faible. Tout d'abord (nous y reviendrons), il y a cette limite de 500 élus sur 30 départements, qui veut dire qu'un candidat a été au préalable approuvé. Il faut ensuite receuillir les votes des Francais... Je pense honnetement que l'on peut imposer n'importe quel age minimal entre 18 et 35 ans sans que cela ne change quoi que ce soit.

D'une manière générale, seuls 8 candidats dans l'histoire de la Ve république, avaient moins de 35 ans lors de leur candidature: Krivine en 69 (1%) et 74 (0.5%), Sebag, Remouvin (

Etre légitime

Les 500 parrainages forment une barrière supplémentaire, qui n'existe pas aux Etats-Unis. Ici, il est tout a fait legal par exemple (dans certains etats) d'inscrire son nom ou le nom d'un tiers sur le bulletin de vote. En un sens, c'est tout à fait légitime: pourquoi limiter les possibilités de choix de la population? Si l'on considère que les elus ont un droit de veto sur les candidatures, et qu'ainsi ils se placent au-dessus du vote populaire, autant carrement supprimer le suffrage universel direct, et revenir a un système dans lequel seuls les elus votent pour le president?

La grosse différence entre les USA et la France, et qui explique ce besoin de limiter les candidatures "fantaisistes" en faisant un premier controle, est les temps de paroles. Ici, il n'y a pas la moindre régulation sur le temps de parole: les candidats autres que démocrates ou républicains n'ont presque aucune visibilité médiatique, et rares sont les chaines qui offrent un temps de parole egal entre les deux.

En France, ce besoin de comptabiliser les temps de parole pour permetre une equité entre candidats rend necessaire une pre-selection des candidats: une multiplication des candidatures fantaisistes imposerait soit un temps individuel minime, soit des spots d'une durée infinie.

Cumul des mandats oblige, il y a environ 42,000 élus en France en 2012. Obtenir 500 signatures ne parait donc pas si dur, puisqu'elles ne representent que 1% des élus. C'est en effet une simple formalité pour les gros partis comme l'UMP, le PS, le PC ou le Modem, plus délicat pour des petits partis comme LO, CPNT ou le FN, qui obtiennent des scores "honorables" et font parti du patrimoine politique francais, mais n'ont pas un nombre d'elus important.

Quitte à avoir un parrainage, ne serait-il pas plus simple et transparent de demander une liste de signatures citoyennes? En 2007, il y avait 44.5 millions d'inscrits sur les listes electorales. Demander une liste de 200,000 signatures d'electeurs (soit 0,5% des inscrits) ne me parait pas irréalisable, limiterait les candidatures fantaisistes, annulerait toute théorie du complot, et supprimerait le "conseil des sages" des 42,000 maires.

D'après Les Echos de ce week-end, Marine Le Pen (FN), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Corinne Lepage (Cap 21), Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO) et Dominique de Villepin (RS), soit 55% des 11 candidats majeurs, sont menacés. FN, NPA et LO representaient près de 6 millions de votes en 2007. D'après les sondages récents, seule Marine Le Pen (créditée de 14 à 18.5% des intentions de vote au premier tour) aura, entre ces six candidats, un poids dans la campagne, les autres étant crédités au mieux de 1% des intentions de vote... Marine Le Pen espère obtenir entre 6 et 7 millions de voies au premier tour de la présidentielle, et le "conseil des sages" des 42000 maires estime qu'elle n'est pas assez legitime pour etre candidate? En quoi les 6-7 millions de Francais qui s'apprètent à voter FN seraient inférieurs aux 800-1100 milliers qui misent sur Eva Joly, ou aux 3-4 millions qui pensent Melenchon?

5 mars 2012

Une vision binaire de la campagne

Seulement deux candidats en France?

Le système d'élection américain est basé sur le "tout ou rien": chaque état possède un certain nombre de points, en fonction (en gros) de son nombre d'electeurs. Le candidat qui arrive en tete dans un état, meme s'il n'a pas 50% des votes et meme s'il n'est en tete que d'une seule voie, remporte tous les points de l'etat. Le nombre total de votes n'importe peu, seul compte le nombre (et le poids) des états gagnés. Les "petits" candidats existent bel et bien, mais n'ont aucun poids: ils ne peuvent pas gagner un etat, donc ils ne comptent pas.

Dans cette optique, le système politique américain s'est bipolarisé: il y a les démocrates (centre-droite), et les républicains (droite conservatrice). Ce système est appliqué à toute couverture mediatique d'une election étrangère, y compris la France. Dans la presse du week-end et de ce Lundi, il n'y en a que pour Hollande et Sarkozy. Je ne suis pas sur que cela change au cours des prochains mois...

Les salaires indécents, 75% d'imposition, le traité fiscal Européen?

Etant donné le ronflement que cela provoque en France, je m'attendais à entendre parler de cette fameuse proposition des 75%, et de la surenchère sur l'indécence des salaires de Leonardo et de Carlo Ancelotti au PSG. Quand on y réfléchie, l'economie américaine est libérale, et basée sur le travail et la loi du marché: les taxes sont relativement basses, puisque l'aide sociale est quasiment inéxistante, et les salaires peuvent s'envoler: chaque compagnie (privée donc) verse le salaire qu'elle veut à ses employés, sans que quiconque n'ait à y redire. Sportifs, Acteurs, Industriels: tant qu'il s'agit d'un salaire, correspondant à un travail, tout est légitime, meme le deraisonnable. Le système des pourboires (restaurants, bars, coiffeur, taxis...) est très répandu, ce qui permet à tout résident de se retrouver en position de patron, et de rémunerer comme il se doit l'employé, en fonction de la qualité du service rendu. J'attendais la réponse des économistes, de droite comme de gauche, se demandant pourquoi un boursicotteur qui se fait 800kE par an sans réel travail serait moins taxé qu'un chef d'entreprise qui gagne 1.2ME, qui crée de la richesse, travaille, et peut ruiner la vie professionnelle de dizaines d'employés s'il manque à son devoir. Rien. Pas une ligne, si ce n'est le Wall Street Journal qui se contente de recycler un sondage indiquant qu'une petite majorité de Francais soutient le socialiste.

Le blogueur et Economiste James Kostohryz mentionne que la campagne d'Hollande est axée sur deux points: ces fameux 75%, et la renégociation du traité fiscal Européen. Pour l'economiste, il n'y a que trois possibilités: ou bien le candidat socialiste perdra l'election, ou bien il reniera ses promesses electorales, ou alors la France court à sa perte, entrainant eventuellement l'Europe toute entière avec elle via un clash France-Allemagne... Scenario catastrophe. J'avoue ne pas etre assez compétent en economie pour bien saisir les tenants et aboutissants d'une renegociation de cette réforme. Ce qui est sur en revanche, c'est que dans une Europe à 27, si chaque nouveau président commence à renégocier les traités déjà signés par son pays, autant démanteler tout de suite l'Union Européenne. Le journal economique New-Yorkais Bloomberg revient lui aussi sur cette proposition, indiquant que les premiers ministres des pays voisins, de droite comme de gauche, trouvaient cette proposition ridicule, et refusaient désormais de rencontrer Hollande.

Vu d'ici, le mouvement de Francois Hollande est assez simple à expliquer: les sondages indiquent qu'il possède un gros point faible: son aura internationale. C'est une chose de gèrer la Corrèze et de discuter avec le puy de Dome ou le Cantal voisins, c'en est une autre de discuter avec Barak Obama et Angela Merkel. Il devait prouver aux Francais qu'il comprenait et voulait prendre part aux questions internationales (qui restent le premier role du président de la république). En revanche, la réaction quasi-unanime de la presse, des economistes et des chefs d'etats voisins le dessert. Je ne pense pas qu'il y ait de nombreux francais capables d'expliquer en quoi le traité actuel est mal (ou en quoi il est bien). Hollande lui-meme dit qu'il faut le renegocier, mais ne dit rien de précis sur les modifications qu'il souhaite apporter. A l'echelle internationale, il vient de se tirer une balle dans le pied. Il semble qu'en France, personne ne lui en tienne rigueur. Tant mieux pour lui... Il devra cependant, tot ou tard, prouver aux Francais qu'à l'international, il est capable de rivaliser avec Sarkozy. Le problème est qu'il ne peut recevoir aucun soutien de son parti sur le sujet... 

Le Halal, l'intégration: une réelle divergence.

Lorsque le candidat de Gauche veux taxer les riches et fragiliser l'Europe, le candidat de droite tape sur l'immigration. C'est caricatural. Quel que soit le pays et l'année. Les etrangers volent le travail des locaux et les riches dorment sur leur argent. Bref. Il semble que les petites phrases sur le Halal aient été reprises bien plus vites aux USA qu'en France. CBS, le Chicago Tribune ou le Seattle Post consacrent une page au sujet, mais se contentent de reprendre les faits de manière objective (fait journalistique remarquable, malheureusement rarissime tant ici qu'en France). Le problème rencontré par les lecteurs de ces journaux vient de l'effet d'instant. Quelques phrases, quelques explications, tout est prélevé, selectionné, sans la moindre unité. Le besoin de fournir des informations, de gaver le lecteur, sans pour autant lui permettre de reflechir.

Le Huffington Post nous livre quelques éléments supplémentaires, ce qui en change quelque peu le sens. Si Sarkozy tente indeniablement de prendre des voies au FN, il ne s'agit pas de stigmatiser les etrangers, mais d'instaurer le fameux "La France, tu l'aimes ou tu la quitte". La vision du Huff Post peut se résumer ainsi: "Sarkozy souhaite que les etrangers viennent pour travailler en respectant la culture francaise et en s'integrant correctement, au lieu de profiter de l'aide sociale". La partie sur le halal est releguée au second plan, qui porte plus sur la tracabilité du produit et de l'information au consomateur que d'un réel cheval de bataille.

En France, tout débat sur l'immigration est tabou. Il n'y aurait que deux catégories de gens: les 15% de très très très racistes, limites neo-nazis, qui votent Le Pen, et les 85% d'autres personnes, qui ne sont pas capables de voir si une personne a ou non des ascendances asiatiques, noire-africaines ou maghrebines. Du coup, parler immigration, c'est etre un neo-nazi. Aux USA, c'est différent. Le Pays (tout comme la France) a une très forte culture de l'immigration: britanniques, francais et espagnols tout d'abord, russes et italiens ensuite, hispaniques et asiatiques de nos jours. Il y a autant d'americains "blue blood" que de francais "de souche" et, meme si cette considération est plus récente ici qu'en France, toute discrimination (y compris raciale) est vivement condamnée.

Dans les faits cependant, c'est autre chose. Les populations (noires, blanches, hispaniques, asiatiques) sont sectorisées. De nombreux chinois ou mexicains ne parlent pas l'anglais, car ils habitent dans une communauté dans laquelle voisins, commerces, voire services publics sont accessibles en chinois, viet-namien, ou espagnol. Les statistiques ethniques (légales ici) nous indiquent quels secteurs sont blancs, verts, rouges ou noirs, et il est préférable de s'y tenir, tant la population locale repoussera (plus ou moins violemment) l'égaré. Tous ces clivages sont supperposés aux clivages economiques quartiers pauvres pour noirs, asiatiques, hispaniques, blancs; quartiers riches pour noirs, blancs, etc... Le cout des etudes supérieures, extrèmement élevé, perpetue ce cycle: les blancs et les asiatiques ont une moyenne de revenue supérieure aux noirs et aux hispaniques: ils envoient leurs enfants faire des etudes, obtenir un bon travail bien payé, et envoyer leurs enfants à l'école, là où les hispaniques et les noirs feront caissiers, jardiniers et camioneurs. Au passage, le cout ridiculement bas des universités francaises, le système de bourses, et les filières selectives type grandes ecoles permettent à n'importe quel enfant, en France, d'obtenir un bon diplome, indépendemment de son origine ou de la situation economique de ses parents... petite mention à ceux qui voudraient instaurer des quotas de je ne sais quoi...

Toujours est-il que la situation est plus transparente ici: il y a des gens de toutes origines, de toutes religions, on sait combien ils sont et où ils habitent, et comme ils n'habitent pas près de chez nous, on s'en fout. C'est triste à dire, mais cette segregation volontaire réduit les tensions raciales. Le débat Francais est alors regardé sans passion, et peut-etre meme avec une pointe d'incomprehension: pourquoi mettre un label "halal"? Si l'on va dans un supermarché arabe, on trouvera du halal, et si l'on va dans un supermarché blanc ou asiatique, on n'en trouvera pas... Il faut alors expliquer aux americains les principes de mixité sociale. Et croyez-moi, ce n'est pas facile tous les jours.

Quant à la question de l'intégration, là encore, pourquoi se pose-t'elle? Pour devenir citoyen américain, il faut répondre à un interrogatoire sur la culture américaine et son histoire. Pour avoir un visa de travail, il faut avoir une compagnie. Si l'on se fait virer, pas d'allocation chomage, mais 2 semaines pour quitter le territoire. Pour employer un etranger, il faut prouver qu'aucun americain n'est capable ou ne souhaite faire ce travail. C'est une procédure contraignante, mais la plupart des américains sont déja passés par là, soit eux-meme, soit leurs parents ou leurs grands-parents. Ce faisant, ils embrassent une partie de la culture américaine, en acceptent les regles et les différences. Pourquoi est-ce que la ville, le comté ou l'etat devrait changer son mode de fonctionnement pour s'adapter aux besoins de la minorité francaise, mexicaine ou vietnamienne?  Les vagues d'immigration précédentes se sont intégrées sans remous, pourquoi celle-ci serait différente? Pourquoi devrait-ce etre différent en France?

5 mars 2012

Bienvenue

Bonjour à tous.

Ce blog a pour objectif d'eclairer la campagne présidentielle de 2012... depuis le Texas.

Je ne suis pas un militant, simplement un expatrié, vivant loin du cirque mediatique Francais (lequel est remplacé par le bien plus imposant cirque du Super Tuesday).

Comment les américains réagissent aux propositions et petites phrases des candidats Francais? Le système américain est-il si différent? Certaines propositions ont-elles déjà été tentées ici, et si oui, dans quelles circonstances? Qu'est-ce qui choque, qu'est-ce qui "coule de source"?

Dans l'objectivité plus que dans le débat d'idées (les coups (bas) et les couleurs (politiques)...), venez lire/discuter/partager.

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