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Quel President pour 2012?
5 mars 2012

Une vision binaire de la campagne

Seulement deux candidats en France?

Le système d'élection américain est basé sur le "tout ou rien": chaque état possède un certain nombre de points, en fonction (en gros) de son nombre d'electeurs. Le candidat qui arrive en tete dans un état, meme s'il n'a pas 50% des votes et meme s'il n'est en tete que d'une seule voie, remporte tous les points de l'etat. Le nombre total de votes n'importe peu, seul compte le nombre (et le poids) des états gagnés. Les "petits" candidats existent bel et bien, mais n'ont aucun poids: ils ne peuvent pas gagner un etat, donc ils ne comptent pas.

Dans cette optique, le système politique américain s'est bipolarisé: il y a les démocrates (centre-droite), et les républicains (droite conservatrice). Ce système est appliqué à toute couverture mediatique d'une election étrangère, y compris la France. Dans la presse du week-end et de ce Lundi, il n'y en a que pour Hollande et Sarkozy. Je ne suis pas sur que cela change au cours des prochains mois...

Les salaires indécents, 75% d'imposition, le traité fiscal Européen?

Etant donné le ronflement que cela provoque en France, je m'attendais à entendre parler de cette fameuse proposition des 75%, et de la surenchère sur l'indécence des salaires de Leonardo et de Carlo Ancelotti au PSG. Quand on y réfléchie, l'economie américaine est libérale, et basée sur le travail et la loi du marché: les taxes sont relativement basses, puisque l'aide sociale est quasiment inéxistante, et les salaires peuvent s'envoler: chaque compagnie (privée donc) verse le salaire qu'elle veut à ses employés, sans que quiconque n'ait à y redire. Sportifs, Acteurs, Industriels: tant qu'il s'agit d'un salaire, correspondant à un travail, tout est légitime, meme le deraisonnable. Le système des pourboires (restaurants, bars, coiffeur, taxis...) est très répandu, ce qui permet à tout résident de se retrouver en position de patron, et de rémunerer comme il se doit l'employé, en fonction de la qualité du service rendu. J'attendais la réponse des économistes, de droite comme de gauche, se demandant pourquoi un boursicotteur qui se fait 800kE par an sans réel travail serait moins taxé qu'un chef d'entreprise qui gagne 1.2ME, qui crée de la richesse, travaille, et peut ruiner la vie professionnelle de dizaines d'employés s'il manque à son devoir. Rien. Pas une ligne, si ce n'est le Wall Street Journal qui se contente de recycler un sondage indiquant qu'une petite majorité de Francais soutient le socialiste.

Le blogueur et Economiste James Kostohryz mentionne que la campagne d'Hollande est axée sur deux points: ces fameux 75%, et la renégociation du traité fiscal Européen. Pour l'economiste, il n'y a que trois possibilités: ou bien le candidat socialiste perdra l'election, ou bien il reniera ses promesses electorales, ou alors la France court à sa perte, entrainant eventuellement l'Europe toute entière avec elle via un clash France-Allemagne... Scenario catastrophe. J'avoue ne pas etre assez compétent en economie pour bien saisir les tenants et aboutissants d'une renegociation de cette réforme. Ce qui est sur en revanche, c'est que dans une Europe à 27, si chaque nouveau président commence à renégocier les traités déjà signés par son pays, autant démanteler tout de suite l'Union Européenne. Le journal economique New-Yorkais Bloomberg revient lui aussi sur cette proposition, indiquant que les premiers ministres des pays voisins, de droite comme de gauche, trouvaient cette proposition ridicule, et refusaient désormais de rencontrer Hollande.

Vu d'ici, le mouvement de Francois Hollande est assez simple à expliquer: les sondages indiquent qu'il possède un gros point faible: son aura internationale. C'est une chose de gèrer la Corrèze et de discuter avec le puy de Dome ou le Cantal voisins, c'en est une autre de discuter avec Barak Obama et Angela Merkel. Il devait prouver aux Francais qu'il comprenait et voulait prendre part aux questions internationales (qui restent le premier role du président de la république). En revanche, la réaction quasi-unanime de la presse, des economistes et des chefs d'etats voisins le dessert. Je ne pense pas qu'il y ait de nombreux francais capables d'expliquer en quoi le traité actuel est mal (ou en quoi il est bien). Hollande lui-meme dit qu'il faut le renegocier, mais ne dit rien de précis sur les modifications qu'il souhaite apporter. A l'echelle internationale, il vient de se tirer une balle dans le pied. Il semble qu'en France, personne ne lui en tienne rigueur. Tant mieux pour lui... Il devra cependant, tot ou tard, prouver aux Francais qu'à l'international, il est capable de rivaliser avec Sarkozy. Le problème est qu'il ne peut recevoir aucun soutien de son parti sur le sujet... 

Le Halal, l'intégration: une réelle divergence.

Lorsque le candidat de Gauche veux taxer les riches et fragiliser l'Europe, le candidat de droite tape sur l'immigration. C'est caricatural. Quel que soit le pays et l'année. Les etrangers volent le travail des locaux et les riches dorment sur leur argent. Bref. Il semble que les petites phrases sur le Halal aient été reprises bien plus vites aux USA qu'en France. CBS, le Chicago Tribune ou le Seattle Post consacrent une page au sujet, mais se contentent de reprendre les faits de manière objective (fait journalistique remarquable, malheureusement rarissime tant ici qu'en France). Le problème rencontré par les lecteurs de ces journaux vient de l'effet d'instant. Quelques phrases, quelques explications, tout est prélevé, selectionné, sans la moindre unité. Le besoin de fournir des informations, de gaver le lecteur, sans pour autant lui permettre de reflechir.

Le Huffington Post nous livre quelques éléments supplémentaires, ce qui en change quelque peu le sens. Si Sarkozy tente indeniablement de prendre des voies au FN, il ne s'agit pas de stigmatiser les etrangers, mais d'instaurer le fameux "La France, tu l'aimes ou tu la quitte". La vision du Huff Post peut se résumer ainsi: "Sarkozy souhaite que les etrangers viennent pour travailler en respectant la culture francaise et en s'integrant correctement, au lieu de profiter de l'aide sociale". La partie sur le halal est releguée au second plan, qui porte plus sur la tracabilité du produit et de l'information au consomateur que d'un réel cheval de bataille.

En France, tout débat sur l'immigration est tabou. Il n'y aurait que deux catégories de gens: les 15% de très très très racistes, limites neo-nazis, qui votent Le Pen, et les 85% d'autres personnes, qui ne sont pas capables de voir si une personne a ou non des ascendances asiatiques, noire-africaines ou maghrebines. Du coup, parler immigration, c'est etre un neo-nazi. Aux USA, c'est différent. Le Pays (tout comme la France) a une très forte culture de l'immigration: britanniques, francais et espagnols tout d'abord, russes et italiens ensuite, hispaniques et asiatiques de nos jours. Il y a autant d'americains "blue blood" que de francais "de souche" et, meme si cette considération est plus récente ici qu'en France, toute discrimination (y compris raciale) est vivement condamnée.

Dans les faits cependant, c'est autre chose. Les populations (noires, blanches, hispaniques, asiatiques) sont sectorisées. De nombreux chinois ou mexicains ne parlent pas l'anglais, car ils habitent dans une communauté dans laquelle voisins, commerces, voire services publics sont accessibles en chinois, viet-namien, ou espagnol. Les statistiques ethniques (légales ici) nous indiquent quels secteurs sont blancs, verts, rouges ou noirs, et il est préférable de s'y tenir, tant la population locale repoussera (plus ou moins violemment) l'égaré. Tous ces clivages sont supperposés aux clivages economiques quartiers pauvres pour noirs, asiatiques, hispaniques, blancs; quartiers riches pour noirs, blancs, etc... Le cout des etudes supérieures, extrèmement élevé, perpetue ce cycle: les blancs et les asiatiques ont une moyenne de revenue supérieure aux noirs et aux hispaniques: ils envoient leurs enfants faire des etudes, obtenir un bon travail bien payé, et envoyer leurs enfants à l'école, là où les hispaniques et les noirs feront caissiers, jardiniers et camioneurs. Au passage, le cout ridiculement bas des universités francaises, le système de bourses, et les filières selectives type grandes ecoles permettent à n'importe quel enfant, en France, d'obtenir un bon diplome, indépendemment de son origine ou de la situation economique de ses parents... petite mention à ceux qui voudraient instaurer des quotas de je ne sais quoi...

Toujours est-il que la situation est plus transparente ici: il y a des gens de toutes origines, de toutes religions, on sait combien ils sont et où ils habitent, et comme ils n'habitent pas près de chez nous, on s'en fout. C'est triste à dire, mais cette segregation volontaire réduit les tensions raciales. Le débat Francais est alors regardé sans passion, et peut-etre meme avec une pointe d'incomprehension: pourquoi mettre un label "halal"? Si l'on va dans un supermarché arabe, on trouvera du halal, et si l'on va dans un supermarché blanc ou asiatique, on n'en trouvera pas... Il faut alors expliquer aux americains les principes de mixité sociale. Et croyez-moi, ce n'est pas facile tous les jours.

Quant à la question de l'intégration, là encore, pourquoi se pose-t'elle? Pour devenir citoyen américain, il faut répondre à un interrogatoire sur la culture américaine et son histoire. Pour avoir un visa de travail, il faut avoir une compagnie. Si l'on se fait virer, pas d'allocation chomage, mais 2 semaines pour quitter le territoire. Pour employer un etranger, il faut prouver qu'aucun americain n'est capable ou ne souhaite faire ce travail. C'est une procédure contraignante, mais la plupart des américains sont déja passés par là, soit eux-meme, soit leurs parents ou leurs grands-parents. Ce faisant, ils embrassent une partie de la culture américaine, en acceptent les regles et les différences. Pourquoi est-ce que la ville, le comté ou l'etat devrait changer son mode de fonctionnement pour s'adapter aux besoins de la minorité francaise, mexicaine ou vietnamienne?  Les vagues d'immigration précédentes se sont intégrées sans remous, pourquoi celle-ci serait différente? Pourquoi devrait-ce etre différent en France?

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